BREF HISTORIQUE DES FORTIFICATIONS

DE L'ANTIQUITÉ AU MOYEN-ÂGE

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Avec les temps historiques apparaît la guerre, et avec celle-ci la nécessité d'armer les hommes et de fortifier certains lieux. L'idée de fortification est corrélative au fait de possession, et à toutes les époques les peuples en ont fait usage pour défendre leurs personnes, leurs biens, leurs territoires. La fortification a eu ainsi longtemps un rôle de protection. Avce le temps s'est dégagé un rôle d'interdiction, avec des forteresses dont le rôle était de garder des points stratégiques, comme des voies de communications. Vauban disait d'ailleurs que les places donnaient "le moyen de tirer la guerre en longueur". A l'époque moderne et la guerre de manoeuvres, les fortifications perdirent leur rôle central, car c'est à la bataille qu'on demandait la décision, et que de plus avec l'allégement des matériels on pouvait les masquer sans affaiblir outre mesure les effectifs ou les contourner sans trop de difficultés. 

Les fortifications peuvent êtres passagères, pour renforcer des positions militaires dont le rôle est accidentel et temporaire, ou au contraire permanentes, élevées dés la période de paix, et dénommées place fortes. Leurs rôles sont de défense des frontières, de refuge, de contrôle de points stratégiques, etc. 


Les premières défenses étaient les obstacles naturels, qui devaient plus servir à se cacher qu'à se défendre. Avec l'apparition de la vie pastorale puis de l'agriculture, la première défense était de voir une attaque arriver, d'où l'érection de tertre servant d'observatoire, puis de tours de garde servant d'observatoire et de refuge. C'est avec les premières civilisations que sont nées les fortifications artificielles, avec les enceintes continues, dabord en bois puis en pierre. 


Constructions cyclopéennes: Les plus anciennes forteresses dont les ruines subsistent en occident ont été construites par les pélasges, envahisseurs venus d'Asie entre le 20° et le 12° siècle av.J.C. Pour assurer leur domination ils construisirent des larisses ou maison de commandement, servant de dépôt pour les richesses et de centre de ralliement en cas de révolte dans le pays. 

Ces larisses étaient construites en blocs bruts, posés sans mortier et sans méthode. leur hauteurs comme leurs épaisseurs étaient impressionnantes (c'est pour cela que les anciens grecs les avaient attribués aux cyclopes, d'où le nom). En plan le tracé était irrégulier, suivant le contour des sites sur lesquels elles étaient établies. Leur hauteur diminua lorsque les joints de pierre furent améliorés, rendant l'escalade directe moins facile. Leur hauteur diminua encore avec l'adjonction de tours, dont la saillie permettait d'une part de mieux surveiller les murailles, mais aussi de rendre inviolable les courtines car protégées par les tours adjacentes.

Avec le temps, la conquête établie, certaines cités devinrent assez puissantes pour troubler la tranquilité des autres, et dés lors les larisses englobèrent les cités dans de larges enceintes, donnant ainsi naissance aux villes-fortes. Les nouvelles enceintes étaient largement moins hautes et moins épaisses que celles des larisses (qui devienrent le réduit de la défense), et surmontées de parapet crénelées. 

Une défectuosité de la construction était l'angle mort au pied de la muraille, d'autant plus grand que la position était dominante. Une autre était la faible épaisseur des murs. Toutefois, comme aucune machine de guerre n'était connu en grèce avant l'ère médique (V° siècle av J.C.) elles restèrent suffisantes, les villes ne se prenant que par blocus, ruse, trahison, ou bien escalade simple ou avec échelle. 

En orient (Assyrie, Babylone, etc.), où les machines de guerre comme le bélier était connues, les murs étaient considèrablement plus épais, car devant résister aux chocs, et plus hauts, car il fallait que les projectiles lancés du haut des remparts aient suffisamment de forces pour détruire les machines de guerre de l'assaillant.

Nous voyons déjà la dichotomie entre les moyens de l'attaque et ceux de la défense, les progrés de l'un entrainant la nécessaire évolution de l'autre. 


Guerres médiques (V° siècle av J.C.): Lorsque les perses vinrent avec leur machines d'attaques (tours mobiles, béliers, balistes, cf. historique de l'artillerie), les grecs durent revoir complétement leur système de fortifications, en même temps qu'ils amélioraient les machines de guerre qu'ils avaient eux aussi adoptés. Il fallut augmenter l'épaisseur des murs, mais pas seulement. Sous le coups des béliers notamment, les vibrations augmentaient sous la répétition des coups et amenaient à la dislocation rapide des murs. Pour diminuer ces vibrations plusieurs méthodes furent employées. La méthode rodhienne consistait à appuyer sur un mur de tête des contreforts en plein cintre, au-dessus desquels se trouvait le chemin de ronde.

Romains: les fortifications romaines ont un rôle purement militaire. Les places fortes étaient nommées oppidum (de ops do donner secours). Les romains érigeaient une enceinte flanquée de tours semi circulaires à base pleine, avec un fossé situé une dizaine de mètre en avant des murailles. Les portes sont presque toujours flanquées de deux tours. Des fortins et tours de guet complètaient le dispositif.

Ils eurent l'idée d'utiliser la terre comme masse d'appui destinée à éteindre les vibrations des chocs des béliers. La terre provenait d'un fossé creusé en avant du mur, ce qui renforçait l'obstacle. Au IV° siècle Végèce améliora encore le dispositif (cf son ouvrage Traité de l'art militaire). On avait ainsi deux murs distants de 6 mètres, l'intervalle étant rempli de terre battue provenant du fossé. Le mur intérieur constituait un nouvel obstacle aprés la chute du mur extérieur. De plus on aménagea des coupures entre tours et courtines réalisées par des ponts mobiles, ce qui permettait d'éviter qu'un ennemi ayant pris une courtine ne puisse accéder aux autres.


Débuts du moyen-âge: Avec la chute de l'empire romain et la mise en place du système féodal le chateau fort devient le symbole du pouvoir du seigneur, le lieu où il vit, rend la justice, etc. Le donjon en est le symbole, servant de résidence seigneuriale, de réduit de défense, d'observatoire pour surveiller la campagne. 

Architecturalement on a affaire à des mottes castrales héritées des normands (auparavant simples enceintes en bois). Le donjon est placée au sommet d’un monticule de terre fossoyée généralement flanquée d’une enceinte semi-circulaire formant basse-cour et dans laquelle prennent place les batiments autres (écuries, forges, etc.). Un fossé doublé d’une levée de terre palissadée complète le tout.

Le donjon n’est accessible qu’à partir du premier étage, par une petite ouverture. Le rez de chaussé aveugle sert de silo ou de magasin, très rarement de prison, et est accessible par une trappe. Les autres étages sont accessibles par des échelles.

Simple enceinte (gauche) et Motte castrale (droite):

  


Moyen-âge: Dés la fin du XI° siècle on commencera à construire en pierre, dabord le donjon, puis en chemisant les flancs de la motte, puis enfin en construisant tout en pierre. les murs sont relativement peu épais, généralement 3 à 4 mètres. Dés la fin du XII° siècle le confort s’améliore nettement :

Le donjon commence à perdre son rôle d’ultime recours et son emplacement central pour être incorporé à l’enceinte. On doit noter l'organisation des portes, trés astucieuse. Comme les chateaux avaient plus à craindre la ruse que les machines de siège de l'époque, et que les portes étaient des points faibles, on y a accumulé les obstacles: chicanes, pont levis, herse, barbacanes, etc. D'une façon générale, la guerre de chicanes était minutieusement organisée, permettant de prolonger la lutte pied-à-pied grâce à une infinité de coupures, escaliers, ressauts, trous, etc., judicieusement disposés.


Définitions:


     

Porte d'entrée et chemin de ronde. Remarquez les bretèches défendant de face la porte et latéralement le chemin de ronde. Les trous de boulins sont visibles, ainsi que les meurtières, créneaux et merlons

Différents types d'archères:

Plus tard, avec l'affranchissement des communes, se réorganisa la construction de villes fortes (Paris, Avignon, Carpentras, Carcassonne, etc.). Elles sont construites suivant les mêmes principes que les chateaux forts. 

Construction d'un chateau fort:

Construction d'un chateau fort

Siège d'une ville forte vers 1460- miniature d'époque:


Sources: Cours de fortification - Ecole militaire de l'artillerie - 1912