L'ORGANISATION DE L'ARMÉE FRANÇAISE EN 1914

<= L'armée française de l'été 14


En 1914, la France possédait deux armées: une armée de terre et une armée de mer. Suite à la loi sur le service militaire, le ministre de la guerre disposait, en cas de mobilisation, de tous les hommes non exemptés de 19 à 48 ans. Tous français devait donc le même temps sous les drapeaux, être soumis aux mêmes exigences, même devoirs, mêmes sacrifices, ce qui devait concrétiser l'armée nationale. On avait une armée d'active, avec un service militaire effectif de 3 ans (loi de 1913, 2 ans avec la loi de 1905). Les jeunes gens libérés étaient réservistes pendant 11 ans, puis étaient affectés à l'armé territoriale durant 7 ans (celle-ci n'était constitué que durant une mobilisation), puis à la réserve de l'armée territoriale durant 7 autres années. Durant la grande guerre les territoriaux, composés des soldats les plus vieux, étaient le plus souvent affectés aux gardes des points stratégiques, comme les places fortes, les lignes de chemins de fers, les côtes.
La mobilisation: Opération vitale pour la guerre de l'époque, la mobilisation était trés soigneusement préparée dés le temps de paix. Elle combine le rappel des réservistes, la perception du matériel nécessaire à l'entrée en campagne et une importante logistique pour acheminer les troupes et leur matériel vers les dépôts puis sur les lieux de concentration définis par le plan de campagne. le formulaire ci-dessous a été imprimé en 1904. C'est la gendarmerie qui est chargée de le placarder. Chaque réserviste sait, en consultant son livret individuel de mobilisation, le lieu et le jour auxquels il doit répondre à l'appel. Dès le premier jour, les troupes de couverture sont en mesure d'effectuer leur concentration pour protéger la mobilisation et livrer les premiers combats.


Fascicule de mobilisation gardé par tout réserviste:


Grades et régles de subordination: En France la hiérarchie des grades d'officiers est fixée au milieu du XVIII° siècle, sous Louis XV, celles des hommes de rangs et des sous-officiers l'est dans ses grandes lignes sous le premier empire. Des ajustements de détails interviennent par la suite, en particulier sous la troisième république, durant laquelle le processus achève de se fixer. De bas en haut de la hiérarchie on trouve:

La règle veut de plus qu'à grade égal la subordination se fasse à l'ancienneté; à égalité d'ancienneté en grade, le droit de commandement est déterminé par l'ancienneté dans le grade inférieur, et ainsi de suite.


ARMÉE D'ACTIVE

Division territoriale: L'armée française était divisée en 22 corps d'armée, comprenant corps de troupes, services généraux et particuliers et qui correspondaient chacun à une région militaire. En 1893 le général Miribel avait en effet dédoublè le sixième corps (Châlons) pour former le 20° corps à partir des recrutements de Nancy et Toul, et créé le corps colonial. L'armée d'Afrique devient le 19° corps. En 1913 un 21° corps est créé, toujours à partir du 6° corps, à partir de recrutement d'Epinal et de Chaumont.

Chaque région était divisée en subdivisions de régions comprenant chacune un bureau de recrutement (le plus souvent 8). En dehors de ces régions se trouvaient deux grands commandement militaires: ceux de Paris et de Lyon. Nous avions donc:

  1. région: Lille
  2. région: Amiens
  3. région: Rouen
  4. région: Le Mans
  5. région: Orléans
  6. région: Châlons
  7. région: Besançon
  8. région: Bourges
  9. région: Tours
  10. région: Rennes
  11. région: Nantes
  12. région: Limoges
  13. région: Clermond Ferrand
  14. région: Grenoble
  15. région: Marseille
  16. région: Montpellier
  17. région: Toulouse
  18. région: Bordeaux
  19. région: Alger (armée d'Afrique)
  20. région: Nancy
  21. région: Epinal
  22. région: colonies (corps colonial)
Chaque corps d'armée comprends des divisions et brigades d'actives, un état-major, et est toujours prêt à la mobilisation et pourvu des matériels nécessaires pour passer du pied de paix au pied de guerre. A ces corps d'armée on peut ajouter le corps d'armée des troupes coloniales.

Corps d'armée : C'est la structure opérationnelle de base de l'armée française, qui dispose des moyens de conduire le combat à elle seule. Il est normalement organisé en:
Cela donne un effectif de 40.000 hommes, 8900 chevaux et 120 canons.

Infanterie : Le rôle de l'infanterie était de conquérir et de conserver le terrain, avec l'appui des autres armes. Ses deux moyens de luttes étaient le feu et le mouvement en avant. Les réglements officiels affirmaient que c'était à elle qu'incombait la tache la plus rude mais aussi la plus glorieuse de la bataille. L'infanterie française comprenait :
La brigade, commandée par un général de brigade, se compose de deux régiments. La division, composée de deux brigades, est commandée par un général de division.

Les régiments de réserves, constitués au moment d'une mobilisation, portent le numéro du régiment actif augmenté de 200. Les bataillons de chasseurs de réserve portent le numéro du bataillon actif correspondant augmenté de 40. 

Infanterie de ligne - section de mitrailleuse:

Zouaves:



Cavalerie:


Artillerie: Les régiments d'artillerie, outre les batteries, comprenaient aussi des sections d'ouvriers d'artillerie et parfois des compagnies d'ouvriers. Sa mission était d'appuyer directement l'infanterie, de lui préparer la voie dans l'offensive, en annihilant tout ce qui fait obstacle au mouvement de cette arme. Chaque régiment était composé de trois groupes montés de trois batteries de 4 canons, soit 36 pièces d'artillerie. Chaque batterie était composée de la batterie de combat et de son train régimentaire.



Génie: L'unité d'arme est la compagnie. outre deux compagnies divisionnaires affectées aux régiments d'infanterie, une troisième compagne était à la disposition du chef de corps. Son rôle était de faciliter le mouvement de l'infanterie (destruction d'obstacles...), de contribuer à la mise en état de défense de certaines zones et la construction d'ouvrages de fortification passagère. L'aéronautique militaire relevait administrativement du génie au début de la grande guerre. 


Train des équipages: Il comprend 20 escadrons à trois compagnies. Chaque escadron porte en principe le numéro du corps auquel il est affecté. 


Services divers: 


Gendarmerie: comprend 27 légions réparties en compagnies, et portant le numèro de la région militaire. il y a en plus une légion à Paris, et certaines régions avaient une légion bis. la garde républicaine se compose de trois bataillons d'infanterie et de 4 escadrons de cavalerie.

ARMÉE TERRITORIALE: Elle est entièrement constitué lors de la mobilisation. 


Troupes de l'armée territoriale:


Corps d'armée de l'armée territoriale: celui-ci comprend

ARMÉE COLONIALE

Elle était chargée de l'occupation et de la défense des colonies. Elle devait prendre part aux expéditions militaires hors du territoire français et coopérer le cas échéant à la défense de la métropole. Des troupes coloniales étaient stationnées en France, d'autres aux colonies. Les commandants supérieurs des troupes étaient sous les ordres du gouverneur général ou du gouverneur de la colonie principale. Les troupes coloniales avaient aussi un certain nombre de corps indigènes.


ARMÉE DE MER

Le territoire français était divisé en cinq arrondissement maritime: Cherbourg, Brest, Lorient, Rochefort, Toulon. La gendarmerie maritime forme cinq compagnies. Les grands ports ont au moins un régiment d'infanterie coloniale, et pour certains, une ou plusieurs batteries d'artillerie coloniale. 


L'armée française en 1900 - Histoire de l'armée française racontée à la jeunesse - Librairie Gründ - 1947

L'armée française en 1900


Revue de Bétheny - 21 septembre 1901 - arrivée des souverains russes sur le champs de manœuvres - peinture de A.Dawant

Revue de Betheny 21 septembre 1901


Sources: L'infanterie en un volume, Manuel d'instruction militaire - Librairie Chapelot - 1914
L'armée française de l'été 1914 - Henri Ortholan ; Jean-Pierre Verney - Bernard Giovanangeli Editeur - 2004